«  L'art est, comme la prière, une main tendue dans l'obscurité,

qui veut saisir une part de grâce pour se muer en une main qui donne."

Gustav Janouch dans Conversations avec Kafka

J'aime peindre avec le "hasard", l'eau et le temps car cela permet de mêler l'inspiration, le figuratif et la spontanéité. Tous les sens en éveil j'observe, je sens, je ressens et j'écoute ce qui m'appelle. 

J'impulse, ensuite l'eau et le temps accomplissent leur œuvre. L'eau navigue au hasard (qui n'en est pas un) sur le support et les pigments se déposent, dans le temps. Attendre, prendre le temps, prendre le temps d'attendre. Silence, tension. Accepter de ne pas savoir ce qu'il va advenir. Observer. Vibrer. Mon travail est une répétition de cette alternance de lâcher prise et de choix esthétiques. 

Ces strates multicouches racontent une histoire complexe de matérialité. C'est un jeu de construction, destruction, reconstruction, laisser-faire, rebondissement, accompagnement, acceptation. Le sujet n'est pas déterminé à l'avance. C'est une peinture instinctive. Une étape en appelle une autre, toile après toile sur la même toile. Juxtaposer des couleurs pour les révéler, alterner des gestes pour donner des effets. Textures, formes, couleurs sont en permanence renouvelées jusqu'à trouver le point d'équilibre. 

Apparition, disparition, apparition sous-jacente. Quand la matière se retire, s'efface, se condense et laisse apparaître celles qu'elle recouvrait. Remarquer l'inattendu, l'exploiter, le couvrir, le recouvrir, gratter, disperser, souffler, strier. Saisir l'opportunité d'une trace, d'une surface qui parle. De cette apparente irrationalité, extraire du sens telle une paréidolie visuelle et renforcer quelques repères qui balisent la quête de sens du mental : œil, fleurs, univers ; voici quelques motifs récurrents qui ponctuent mes toiles.